Rika Zaraï, fille d’Israël adoptée par la France

Rika Zaraï

À la toute fin des années 50, Rika Zaraï quitte Israël pour gagner la France. Pour elle, la musique n’est pas un accident et encore moins une fatalité : elle est une vocation ! Premier prix de piano à Jerusalem mais aussi chanteuse dans une comédie musicale, Rika Zaraï, jeune artiste chevronnée, compte bel et bien réussir dans l’Hexagone.

Premiers pas dans la musique (1945-1958)

“Ma mère voulait me voir pianiste”

Agée de sept ans à peine, cette enfant de Jérusalem prend la voie du piano influencée par sa mère. Mais n’allez pas croire que celle-ci se sent contrainte, bien au contraire !

En 1955, du fait qu’elle est en avance dans sa scolarité, Rika Zaraï part faire son service militaire à seulement 17 ans. Étant donné son premier prix de piano, elle obtient d’emblée le grade de sergent-chef et se retrouve directrice musicale des groupes de variétés de l’armée. Durant cette période, Rika Zaraï contribue à la création de la toute première comédie musicale israélienne. En 1958, au sortir de son service militaire, ce sont les débuts au club du théâtre à Tel Aviv où elle joue le rôle principal de la comédie musicale pour laquelle elle a participé. De là, l’artiste en devenir commence à se faire un nom dans son pays. Aussi, elle découvre la chanson française à travers Brassens, présent dans les bacs, chez son disquaire. Elle tombe sur un 45 tours : “Chanson pour l’Auvergnat”. Ne parlant pas un mot de français, elle fait traduire les paroles. Enthousiasmée par la fraternité et le message de solidarité de la chanson, elle décide d’écrire elle-même la version hébraïque. Sa version connaît un important succès en Israël. Cependant, elle rêve de chanter à Paris…

Un long passage à vide (1959-1968)

En effet, tout israélien faisant de la musique rêve un jour de chanter à l’Olympia. Ce fut le rêve de Rika Zaraï. En israël, elle fait la rencontre d’un impresario qui lui fait miroiter qu’il connaît en personne Bruno Coquatrix, l’illustre directeur général de l’Olympia de Paris. Partie pour la France, elle cherche à joindre à tout prix le pape du music-hall, mais en vain. Un jour, elle croit reconnaître une silhouette et l’apostrophe. Bruno Coquatrix l’a fait entrer dans son bureau. Rika Zaraï, en anglais, s’empresse de lui parler de son ami impresario israélien. Bien entendu, monsieur Coquatrix ne le connaît absolument pas. Quand bien même, il la laisse chanter a capela et se laisse séduire. Il lui avoue : ” Tu es la plus étrange des chanteuses que j’ai rencontrée… à tel point que je me suis demandé si tu étais sainte d’esprit ou pas.”. Bruno Coquatrix s’engage donc à la faire chanter sur les planches de son music-hall.

Entre temps, Eddy Barclay la repère. En quête d’une autre chanteuse à accent, il lui fait signer un contrat; mais difficile pour Rika Zaraï de s’imposer dans le paysage audio-visuel français en tant que telle. Pour cause, Dalida marche très fort et fait beaucoup d’ombre aux autres chanteuses exotiques, à l’image de Gloria Lasso. Elle est la chanteuse qui vend le plus de disques et est aussi célèbre en France qu’à l’étranger.

Alors, c’est essentiellement sur diverses scènes et avec différents artistes que Rika Zaraï débute. Elle réalise des premières parties : celles de Jacques Brel à l’Olympia, des Chaussettes noires, de Henri Tiso à Bobino. En 1964, elle chante deux chansons d’Aznavour : “Le temps” et “Et pourtant”.